Pour Ellis (1946, p. 11), grand promoteur britannique du kayak, ce bateau a deux sérieux avantages sur le canoë : sa stabilité (largeur et abaissement du centre de gravité) et son plus faible tirant d'eau.
Le kayak européen (non pas l'orignal des Inuits) était pliant : carcasse bois et enveloppe en toile caoutchoutée.
Le premier modèle fut construit par Klepper en 1907 (De Ravel 2004, p. 38).
Mahuzier (1945) estime que l'appellation correcte est canoë démontable, alors que kayak est vulgaire (p. 3).
Ces bateaux sont encore construits, plutôt pour la mer et les expéditions. A ce propos, Mahuzier expose certaines grandes "premières" : " [...] traversées de Corse en Italie, de Sicile et de Sardaigne en Tunisie, les descentes du Niger, du Grand Canon du Colorado [...]" (p. 3). Il ajoute que le kayak est la meilleure embarcation légère pour la mer et la rivière à grosses vagues (p. 6).
Mahuzier (1945) est une référence incontournable pour se documenter sur le kayak.
Un kayak est composé de 4 éléments (Mahuzier 1945, p. 7) : la peau, la carcasse bois, les pièces de métal, la toile du deck.
Il les classe (Mahuzier 1945, p. 6) "[...] en trois catégories :
Il précise qu'aucun n'est supérieur à un autre.
Les baguettes du squelette sont en frêne, les pièces d'assemblage en cuivre.
La toile était simplement imperméabilisée dessus mais caoutchoutée dessous ; c'est la "peau". Le principe de fabrication de la peau était d'alterner des couches de toiles différentes et des couches de caoutchouc. Ainsi distinguait-on les kayaks 5 couches des 7 couches.
A la différence du canoë, le kayak n'est pas symétrique : l'étrave ne ressemble pas à l'étambot.
Mahuzier (1945, p. 6) liste les grandes marques vendues en France (par ordre alphabétique) : Bardiaux, Champion, Fast, Hart, Kette, Klepper, Lapon, Navik, Pionier, Saint-Chamond, Visby.
Ellis (1946, p. 14) insiste sur le nombre de constructeurs Allemands et Autrichiens et ajoute à cette liste : Favorit, Sport-Berger, Leipziger.
La peau est l'enveloppe étanche qui constitue la coque et le pont du bateau et qu'on enfile sur la carcasse de bois. Elle est constituée de plusieurs couches de toile et de caoutchouc.
On fabriquait des 3, 5 et 7 couches (Mahuzier 1945, p. 7).
Pour ce qui était des 3 couches, on recouvrait les deux faces d'une forte toile de chanvre d'enduction caoutchoutée.
On obtenait 5 couches en ajoutant une toile légère et une enduction caoutchouc et 7 couches de la même façon.
Une peau avait deux qualités : l'imputrescibilité et l'indéformabilité (Mahuzier 1945, p. 7).
Les couleurs classiques étaient : argent, noir, rouge, vert, bleu. L'argent étant la plus résistante au soleil (Mahuzier 1945, p. 8).
Gumuchian nomme "fuseau" l’ensemble de baguettes avant ou arrière, ayant la forme pointue d’un fuseau (1947, p. 180). Cf. le premier croquis sur la photo de gauche.
On peut démonter le tout et le ranger dans un sac pour le transporter plus aisément.
"En un clin d’œil, poupe et étrave, enveloppe et gouvernail, mât, voile et toile de pontage furent assemblés. Au bout d'un quart d'heure, [les trois bateaux] exposaient leurs flancs argentés et leur toile orange ou bleue aux premiers rayons du soleil [...]" (Thielen 1948, p.22).
Wilson (1957) témoigne qu'on peut le monter en 15 minutes quand on est habitué, en 1h quand on est débutant. De même, Ellis (1946, p. 8) témoigne de 15 minutes pour l'expert et 30 pour le débutant.
Pour MacNaught (1961, p. 34), une demi-heure est nécessaire quand on a l'habitude. Il propose d'ailleurs un montage type en 10 étapes.
« Le montage d’un kayak comprend la mise en place des armatures avant et arrière, que l’on glisse précautionneusement dans la toile caoutchoutée, puis l’assemblage par des longerons centraux qui, neuf fois sur dix, se révèlent comme trop courts ou trop longs. Le tout est consolidé par des barres en diagonales nommées jambes de force […]. Enfin, chaque morceau finit par prendre place ; les toiles se tendent et le bateau apparaît dans sa forme définitive. Il a bien fallu deux heures pour que tout soit complètement fini et seulement alors nous reconnaissons notre joli kayak. » Gumuchian-Dargent, 1947, p. 27).
Une anecdote amusante est relatée par Gaubert (1950, p.49). Une peau de kayak avait été mise à sécher, non montée sur sa structure en bois. La peau a rétréci. Impossible de monter le kayak, les baguettes étant devenues trop grandes pour elle ! Le kayakiste n'a pas pu naviguer ; il est remonté en train. Il a fallu remouiller la peau et la remonter, mouillée, sur le squelette de bois.
Quelques conseils de Mahuzier (1945, p. 8) :
Clot (p. 19) parle d'un produit nommé "Cirine", qui, appliqué en deux ou trois couches, renforce l'enveloppe.
Chenu (1949, p.59) écrit "Huilons nos peaux, ficelons nos sacs." et partons.
Clot (p. 19) propose, quand la peau est un peu abimée, de faire coller des bandes de 60 cm de large sur toute la longueur du bateau, en les faisant passer sous les protections d'étrave, de manière qu'à l'inverse de petits rapiéçages, elles ne puissent pas être décollées par le frottement sur les cailloux.
Gumuchian-Dargent (1947, p. 136) dit réparer la toile à la "seccotine".
Voici deux propositions différentes. D'abord Clot, ensuite Mahuzier (1955).
Les accessoires du kayak sont en partie différents de ceux du canoë.
La pagaie
La pagaie est double et donc certaines techniques de pagaie sont spécifiques au kayak. Ici, l'esquimautage devient possible.
Pales plates ou creuses.
La pagaie de secours est en deux bouts (démontable) alors que la principale est en un seul morceau de bois.
Le sac de transport
Deux sacs : l'un pour l'enveloppe et les membrures, l'autre pour les longerons et les pagaies.
La trousse de réparation
Un peu comme pour le vélo : papier de verre, colle, pièces.
Pour plus de détails, voir ici.
Le pontage ou deck
C'est une forte toile de coton (Mahuzier 1945, p. 8).
Clot (p. 27) s'est même rajouté un "tablier", bout de toile qui recouvre le trou d'homme toute la nuit, une fois le pagayeur sorti du bateau.
L'anneau para gouttes
Petits anneaux de caoutchouc fixés au manche pour éviter à l'eau de goutter dans le bateau.
Le sac étanche
Les coussins
Coussin mousse pour l'assise et gonflable pour le dos. Clot (p. 25) les préfère pneumatiques et pas trop gonflés "[...] de façon à reposer tout de même sur le siège."
Des sacs de pointe
Les réserves de flottabilité qu'on glisse dans chaque pointe pour garder le bateau à flot en cas de dessalage. Certains les confectionnaient eux-mêmes à partir de chambres à air.
Porte fanion et pavillons
Beaucoup de bateaux portaient le pavillon de leur club (à l'avant) ; le drapeau national ou un pavillon personnel pouvant se placer à l'arrière.
Le chariot
Proposition de Mahuzier (1945).
Voile
Voile de 5 à 6 m2, par vents de 30 km/h maximum (Clot, p. 75).
Mahuzier (1945) présente trois voiles différentes.
Gouvernail
Un gouvernail démontable est pratique car évite qu'on ne l'abime en transportant le bateau (Mahuzier, 1955). Amovible, il permet de ne pas accrocher dans les hauts-fonds.
Dérives
Mahuzier (1945) présente les dérives classiques, latérales et quelques innovations.
Les flotteurs additionnels
Certains navigateurs ajoutaient des boudins de flottabilité sur les côtés du bateau.
Les cordages
Clot (p. 26) conseille deux bouts de corde de six mètres aux deux pointes. Il a même l'habitude d'en remplacer une par de la chaîne pour arrimer plus sûrement son bateau contre "[...] le farceur qui s'aviserait de vous couper l'amarre [...]".
Pour en savoir plus :
Un site (en allemand) : Faltboot bastel seiten
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