Les canots de papier

Deux techniques de construction papier doivent être distinguées : le collage ou le moulage/démoulage.

1. Collage

Ce procédé rappelle ce que faisaient les esquimaux : ajouter à une structure de bois intérieure, donnant la forme et le volume, une enveloppe extérieure souple, imperméable et flottante. Mais au lieu de tendre des peaux de phoque, on  collait des superpositions de bandelettes de papier qui durcissaient en séchant.

C'est la technique employée par Hamerton pour construire lui-même son canot, avec lequel il descendit l'Arroux (rivière française) en 1866.

On en trouve un bref exposé dans la préface américaine de son récit, La rivière inconnue (Hamerton 2006) : "[...] un canot fabriqué de ses propres mains avec du papier, sur une légère ossature de lattes. [...] La bonne colle pour agglomérer les bandelettes et éviter la perméabilité est une solution concentrée de gomme-laque dans de l'esprit-de-vin." (p. 14).

Louis Pillon (historien, a traduit Un voyage en canot, in Hamerton 2006) a fait une vidéo qui donne un bon aperçu du sujet : les trois auteurs référence (Hamerton, Bishop, De Wogan) et la construction en atelier :

2. Moulage

L'autre méthode se rapproche plus de la technique actuelle de construction ultralégère des bateaux de compétition.

Bishop (2006, chapitre 5) nous donne un bon exposé de ce que pouvait être un bateau construit en papier par Georges Waters (américain) en 1867.

On construit d'abord les moules en bois (mâle ou femelle ?) de la coque et des ponts, dans lesquels (ou sur lesquels) on superpose de multiples couches de papier, jusqu'à obtenir l'épaisseur de bordé convenable. On démoule, les assemble (coque et ponts) et on procède aux finitions habituelles : ponçage, vernissage, sièges, ferrures...

Pour Bishop, les avantages par rapport à la construction bois classique sont nombreux : légèreté de l'ensemble, finesse des lignes de la carène, résistance aux déformations et chocs, vieillissement.

On se demande alors pourquoi cette construction n'a pas duré dans le temps.

A-t-elle été tout simplement détrônée par la fibre synthétique ? Mais pourquoi totalement ? Pourquoi ne voit-on plus aucun bateau papier ?

Les arguments avancés par Bishop étaient-ils mensongers : construction papier trop longue, compliquée, peu rentable ou durable ?