"Tout d'abord, gloire à la pagaie ! Instrument primitif de nos pères, il représente le maximum de simplicité, permet de passer dans les plus petits chenaux, désencombre l'esquif des portants et du siège à glissière. Enfin elle place normalement le touriste face à la direction dans laquelle il progresse." (Sexe 2000, p. 30).
"La pagaie simple se compose d'une pale, d'un manche et d'une olive terminale." (Mathéron 1944, p. 12).
La taille de la pagaie dépend de la taille du pagayeur et de la place où il est assis dans le bateau.
La pale arrondie est la meilleure parce qu'elle se fend rarement. La forme est dite "Canoë-club". Elle est meilleure que la "queue de castor" (Leygues 1947).
Le manche doit être circulaire pour :
- ne pas gêner la main,
- s'appuyer correctement sur le plat-bord...
... quelle que soit l'orientation de la pagaie (Mathéron 1944 p.12).
Leygues (1947) conseille des pagaies d'une seule pièce de bois parmi les suivants et qu'évidemment un bois dur donne une pagaie solide :
Mathéron (1932) remarque que l'érable est le mieux, que le spruce est bien mais fragile au bout et que le cèdre est bien et plus solide que le spruce.
Mathéron (1945) considère ce plancher comme un alourdissement inutile du bateau. Il conseille de l'ôter pour un meilleur séchage du bateau.
C'est Alfred Rouan qui créa le premier pontage pour canoë (De Ravel et Pillon 2004, p. 24).
Le pontage est une bâche en toile qui recouvre le canoë et empêche l'eau d'y pénétrer au passage de vagues, d'un déversoir ou tout simplement par temps de pluie.
A cet effet, les pontages sont généralement équipés de cheminées pour envelopper le corps du pagayeur.
Leygues (1947) rapporte même l'astuce de certains canoéistes qui ajoutent une "chaussette" à l'intérieur de la cheminée, dans laquelle se glisse l'équipier. Ainsi, si l'eau pénètre par le trou d'homme, elle est contenue dans ce sac intérieur qui enveloppe le canoéiste comme une chaussette, et qu'il suffit de retourner pour la vider. C'est une astuce très utile en mer car on peut vider et rembarquer en pleine mer (La Rivière 332, 1948).
On peut y prévoir des logements de fixation pour les pagaies de secours et deux sangles pour y ranger les bosses.
Il est préférable de coudre des renforts sur les zones de frottement des pagaies (renforts en toile ou en cuir).
Les livres donnent des plans pour construire un pontage, notamment pour la confection des cheminées et pour le positionnement du trou d'homme par rapport aux barrots.
Un article dédié dans La Rivière (332, 1948) présente plusieurs modes de fixation de la toile au bateau : par boutons pression ou taquets tournants (mais il ne faut pas que la toile rétrécisse), par laçage d'une corde autour de boutons ou dans les trous d'un liston (le plus courant), par engagement d'un bourrelet dans une gorge du plat-bord (mais ça se défait mal), par cerclage avec une corde... L'article propose un patron de jupe avec les différentes alternatives possible à sa forme.
Gaubert (1946) préfère avertir de suite : un canoë ne sera jamais un fin voilier. Il se débrouille en vent et au grand largue. C'est tout.
Il lui faut des dérives latérales (à la hollandaise) ou un balancier polynésien.
Il avertit que si les cordes ne coulissent pas bien dans les poulies et que la voile ne veut pas descendre par bon vent, il ne faudra pas s'imaginer se lever pour la faire descendre !
Mais les amateurs apprécient cette façon de naviguer.
Le numéro de mai 1946 de la revue "La Rivière" considère que les deux meilleures voiles sont la houari et la marconi. Mais pour la même efficacité, la houari est plus onéreuse ; donc ils lui préfèrent la marconi. On peut aussi utiliser les classiques (moins efficaces car manquent de voilure) : voile latine, voile au tiers, houari simple.
Clot (19??, p. 31) estime que pour un descendeur de rivière, le plus souvent face au vent, la voile n'a pas grand intérêt. Il reconnait quand-même qu'elle permet de rompre la monotonie sur bassin calme.
En revanche, il déconseille l'utilisation des dérives en eau peu profonde, risquant d'arracher le bastingage.
Il conseille de positionner le mât au centre du kayak de manière à contrôler la direction.
Bien faire sécher la voile avant de la stocker dans un endroit mal ventilé ou trop chaud. Les étaler sur l'herbe ou le sable secs ou les étendre dans un endroit ventilé (Boutin 1961, p. 54).
Boutin (1961, p. 49) présente quatre cordages naturels :
Il expose aussi les qualités de deux cordages synthétiques : le nylon et le tergal, imperméables (donc ne s'alourdissent pas à l'eau), vieillissent peu, imputrescibles, souples ; résistant au double du chanvre.
Chariot ou pas chariot ?
Aujourd'hui, les matériaux plastiques et le mode de location font que bon nombre de bateaux sont directement traînés sur le sol. Mais pour ceux qui possèdent leur propre bateau, il n'est généralement pas question d'un tel traitement. Le port du bateau s'impose.
Pour plus de commodité, le chariot permet de faire rouler le bateau sans grand effort, seul et sur de longues distances ; c'est le chariotage (ou "charriage" selon Clot 19??, p. 28).
Nous allons voir que ça ne va pas sans difficulté. Alors chariot ou pas chariot ?
Pour Clot (19??, p. 28), "La question du chariot n'a pas encore été résolue d'une façon pratique." Il est même "[...] loin de nous donner satisfaction."
Le chariot coule au fond de la rivière...
Wilson (1957) précise qu'il le vaut mieux en bois pour qu'il flotte. Ainsi, on n'a pas à porter le bateau hors de l'eau pour fixer le chariot au-dessous ; on le fait dans l'eau sans risquer de couler le chariot (p. 61).
A ce sujet, Gaubert (1946) rappelle avec humour qu'il a souvent dû plonger par trois mètres de fond pour récupérer son chariot, coulé après naufrage. Lui et Clot rappellent donc la nécessité d'arrimer le chariot au bateau pendant la navigation.
Il s'enlise dans le sable et la boue...
Gaubert (1946) conseille des pneus larges. Combien de fois a-t-il du détacher le bateau d'un chariot embourbé, le porter à la main en lieu sûr et revenir chercher le chariot !
Il continue avec la nécessaire résistance des pneus à la crevaison et l'intérêt d'en prendre un en aluminium.
Clot (19??, p.28) aussi le préfèrerait avec des pneus larges : "Il faudrait, à mon avis, des pneus ballon montés sur des roues d'au moins 60 cm. de diamètre et que les roues passent de chaque côté du bateau (et non pas dessous) pour éviter que celui-ci ne verse lorsque le sol est inégal."
Le Fluctuat
Finalement, Leygues (1947) conseille le modèle "Fluctuat" : solide (cadre rigide), roues sur roulement à billes, lourd. Il le préfère à pneus gonflés pour amortir les chocs.
Annonce dans la revue TCF 477, 1934.
Ellis & Beams (1959, p. 31) nous mettent en garde contre le chariotage d'un bateau toile, plein de son chargement. Ça risque de l'abimer.
Un film du CKCF.
Entretien
Durant sa croisière sur le Rhône, Gumuchian-Dargent (1947, p. 65) dit l’égoutter, le démonter, et graisser les axes.
Le sac étanche doit être le "donjon inexpugnable" dont parle Gaubert (1946, p.37).
Il propose des conseils pour le faire soi-même : 2 mètres carré de toile indéchirable et parfaitement étanche (de la toile de "saucisse" ou de tout autre aéronef) avec des coutures renforcées intérieur/extérieur, pour un sac de 80 cm de haut. Il conseille d'introduire ce sac déjà bien fermé "dans une vieille vessie de ballon d'association coupée à la valve" (? p. 38).
Chenu 1949, p. 106
Gaubert (1946, p. 41) conseille deux cordes de sept à huit mètres de long et de huit millimètres à chaque étrave.
Clot (19??, p. 43) rappelle l'importance de cet accessoire le long des rivières.
Nous constatons que les tenues des anciens étaient aussi "légères" qu'elles le sont encore parfois aujourd'hui sur le bord des rivières, au moment du change.
Clot (19??, p. 33) reconnait que, bien que non autorisée, "La vraie tenue en canoë est le slip, pour autant que vous n'ayez pas à débarquer sous les yeux de vos congénères qui vous sont par trop étranger." Il se tient tout de même toujours prêt à enfiler rapidement "un maillot athlétique".
Pourtant, il met en garde contre les coups de soleil aux heures les plus chaudes et propose alors de porter une chemisette de toile.
Gaubert (1946, p. 57) va plus loin :
"Que vous fassiez du nudisme intégral dans votre canoë, cela n'a pas grande importance... entre les ponts et hors de la traversée des villages surplombants. Je vous conseille, toutefois, de porter en permanence un petit collant [...]"
Et d'expliquer que le passant est plus tolérant envers le canoëiste, qui risque à tout instant la baignade, qu'envers un joueur de tennis. Alors "Profitons-en !", conclut-il.
Thielen (1948, p. 22) donne le détail de six tenues vestimentaires différentes, selon les situations : de la plus simple pour le bateau à la distinguée, en ville.
Clot (19??, p. 38) tient à peu près le même discours : "[...] en croisière on navigue en slip, au campement, en costume de bain et pour aller au ravitaillement vous mettez le bleu et un chandail. [...] Mon costume de ville consiste en une blouse de peau chamoisée [...] et un pantalon de laine [pour éviter d'être froissé, et une] chemise et cravate de laine fine."
Dans de nombreux témoignages écrits, on retrouve :
M. Salvadori propose d'ajouter deux flotteurs latéraux pour la navigation en mer (La Rivière 332, 1948). A la manière des pirogues à balancier mais offrant l'avantage d'en avoir un de chaque côté, donc de pouvoir virer de bord fréquemment.
De nombreux articles ou chapitres de livres concernent le choix et l'utilisation du matériel de camping. Un film du CKCF l'illustre.
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