Est-ce un canoë ou un kayak ou un aviron ? un canoë français ? une périssoire ? une pagaie ou un aviron ?
On les confond. La réponse est délicate. Ça n'est pas une question de forme de bateau ou de nombre de personnes embarquées, puisqu'il existe des canoës, des kayaks et des avirons monoplaces et multiplaces, ouverts et fermés.
Pour faire vite, aujourd'hui, il existe deux fédérations sportives différentes : celle du canoë-kayak et celle de l'aviron. Elles distinguent ces deux sports.
- 1ère ambiguïté : le monde du canoë-kayak et celui de l'aviron
Les débuts du canoë-kayak en Europe (fin XIXè siècle) ont été très liés à l'aviron ; des rameurs (aviron) de l'époque ayant été parmi les premiers canoëistes en France. Aujourd'hui, un kayakiste et un rameur sont aussi séparés que le sont un footballeur d'un rugbyman.
- 2ème ambiguïté : canoë ou kayak
Ces deux types de bateaux sont à la fois très semblables et différents. Dans leur histoire commune en France, ils ont évolué l'un avec l'autre, bien que certaines rivalités corporatistes les aient opposés par moment. Aujourd'hui, les pratiquants en club ne connaissent qu'une famille, celle du canoë-kayak. Ils savent distinguer ces deux embarcation et les accueillent aussi bien l'une que l'autre.
De plus, alors que la Fédération Française de Canoë-Kayak parle de "canoë-kayak" pour désigner son champ sportif, les fédérations britannique et allemande (entre autres), parlent de "canoë" et les Québécois de "canot".
Le langage courant confond logiquement les deux : ils se ressemblent, sont pratiqués au même endroit et sont utilisés par le monde du tourisme sans les différencier. De sorte que, même si on a déjà fait du canoë ou du kayak, on ne sait pas forcément si c'était l'un ou l'autre !
Ce qui réunit ces deux types de bateaux est l'institutionnalisation sportive (Fédération Française de Canoë-Kayak, Fédération Internationale de Canoë). Ce qui les distingue est leur forme, car ces bateaux avaient une utilité (hors de France) avant d'être objets sportifs.
Il en résulte une confusion évidente, selon l'époque, le pays et le milieu de pratique.
Commençons par distinguer l'aviron.
Selon le pays et le monde sportif, l'aviron est un type de bateau ou un type de rame.
Bref, en France pour le kayakiste, l'aviron est le bateau effilé qui avance en arrière (aviron / canoë-kayak), pour l'avironneur, la rame qui lui sert à se propulser (aviron / pagaie).
Espérant avoir fait la différence entre aviron et canoë-kayak ("cousins"), nous ne traitons pas du monde de la fédération d'aviron.
Demeure la confusion entre canoë et kayak...
Ces deux types de bateaux sont pratiqués dans les clubs de canoë-kayak. Ils sont "frères".
Pour faire vite, ils se distinguent surtout par leur pagaie (simple pour le canoë, double pour le kayak, ce qui implique qu'on ne pagaie que d'un côté à la fois en canoë et alternativement gauche/droite en kayak) et par la position dans le bateau (assis les jambes allongées pour le kayak, accroupi pour le canoë).
Si licencié de club discute avec un non spécialiste, il se dira plutôt "kayakiste" (même s'il est canoëiste) ; le terme "kayakiste" étant plus aisé à prononcer. Et il dira qu'il fait du "kayak" (même s'il fait du canoë), parce qu'il insiste sur la dimension athlétique de ce sport ; le terme canoë étant plus compris comme une pratique de touriste.
En revanche, s'il discute avec un autre pratiquant de club, il précisera qu'il fait du canoë ou du kayak pour que son interlocuteur saisisse la différence.
Pour la Fédération Française de Canoë-Kayak, le kayak est l'embarcation propulsée à la pagaie double, dans laquelle on est assis, les jambes sur l'avant (à 1, 2 ou 4 places).
Or, on croit souvent que le kayak est monoplace et le canoë biplace. "Le kayak c'est tout seul, le canoë c'est à deux." Ce malentendu est le plus courant. On trouve cette ambiguïté dans la littérature spécialisée : le mot kayak signifie bateau pour une personne (Mahuzier 1945, p. 5) ; le mot Eskimo "qayaq" désigne une embarcation monoplace (Robert-Lamblin, in Musée national de la Marine 2004, p.9). On a en effet tendance à penser qu'un kayak est un bateau à une personne. Même si ça n'est plus forcément vrai, l'histoire de ce bateau donne raison à ça.
Le kayak a été inventé par les Inuits pour pêcher le phoque en mer. Il fallait donc une embarcation :
Pour la Fédération Française de Canoë-Kayak, le canoë est l'embarcation propulsée à la pagaie simple, dans laquelle on est accroupi (à 1, 2 ou 4 places).
Le nombre de personnes embarquées n'est pas la différence.
Le canoë a été inventé par les Amérindiens pour transporter des marchandises sur lacs et rivières. "Dans un bon canoë habilement mené, on peut naviguer sans danger de Victoria à Chilcat - un voyage de mille cinq cents kilomètres qu'avant l'arrivée des Blancs les Indiens faisaient fréquemment pour commercer." écrivait Muir en 1879 (Muir, 2009).
Mais le mot canoë nous viendrait du mot Arawak (Amérindiens des Antilles) désignant une pirogue des caraïbes, par la suite traduit "canoa" par les Espagnols puis canot en Français (actuel Québécois) et canoe en Anglais (De Ravel, in Musée national de la Marine 2004, p.13).
Il fallait une embarcation :
On entend aussi parfois canoë "français", canoë "canadien", canoë "indien", "canot".
On entend souvent :
"C'est un kayak parce qu'on est assis ; en canoë on est sur les genoux." Vrai.
"C'est un kayak parce qu'il a une pagaie double ; en canoë on a une pagaie simple." Vrai.
"Ce bateau est fermé donc c'est un kayak." Faux.
"Dans un kayak on est seul ; en canoë on est deux." Faux.
C'est vrai et faux à la fois ! L'illustration ci-dessous est assez juste.
En France, depuis les débuts du canotage, on mélange les techniques de propulsion (pagaie, voile) et de positionnement (assis au fond, sur un banc, à genoux) dans les deux types de bateaux, ce qui ne facilite pas la reconnaissance du bateau en question. De plus les Anglo-saxons emploient le terme générique "canoe" et les Allemands "Kanu" pour kayak et canoë.
Voilà quatre références qui offrent chacune leurs définitions. Selon que l'on se place dans l'une ou dans l'autre, les mots n'ont pas les mêmes acceptions.
Les définitions ne sont pas encore établies. De Ravel (dans son avant-propos d'Hamerton 2006) explique que seul le mot "canot" était employé dans le langage courant pour tous ces bateaux alors que les snobs disaient "canoe" (à l'anglaise). Le mot "kayak" ne s'appliquait qu'aux bateaux esquimaux.
Il suffit de lire de nombreux auteurs qui nomment canoë un kayak pliant (Thielen 1948, à la manière des Anglais qui regroupent tout sous le mot "canoe") ou qui emploient les deux termes indifféremment (Rittlinger 1957) ou encore, comme les Québécois, qui nomment canot un canoë.
canoës et kayaks sont des embarcations propulsées à la pagaie et avançant en marche avant (ce qui les distingue des bateaux de type aviron, propulsés à l'aviron et avançant en marche arrière).
Mais il existe dans la Fédération Française d'Aviron des "canoës français", véritables bateaux d'aviron au nom de canoë !
on distingue un canoë à pagaie simple d'un kayak à pagaie double (photo ci-dessus). En kayak, on est assis au fond du bateau alors qu'en canoë il y a deux positions : à genoux en rivière (slalom et descente), en position "tchèque" (un genou au fond et un pied devant) en course en ligne.
En course en ligne, il y a des kayaks à 1, 2 et 4 équipiers, tout comme en canoë. Par contre en rivière, seul le canoë se pratique à 2. Pour la bonne raison qu'en kayak les pagaies doubles sont trop longues et qu'en rivière, ne pouvant adopter un rythme régulier, les pagaies se cogneraient souvent.
les variantes sont nombreuses qui permettent de tester différentes options. Ainsi, on peut croiser des canoéistes assis, les jambes devant, avec des pagaies doubles ou un kayakiste avec une pagaie simple. On fait alors du "canoyak" !
Il existe aussi du canoë et du kayak à voile. Sommes-nous encore dans la fédération de ck ou dans celle de voile ?
Parfois, même pour un spécialiste, il est impossible de donner un nom au bateau, tant il est hybride ou les définitions mal établies. Comment classifier une périssoire, un Rob Roy : canoë, kayak, hybride ou genre à part entière ?
Rob Roy, périssoire, pirogue de mer, kayak et canoë de slalom, de descente, de course en ligne, de kayak polo, wave ski, raft, hot dog, va'a, stand up paddle...
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