Décaper


 

On peut distinguer trois types de décapage qui ont chacun leurs avantages et leurs inconvénients :

 

  • le décapage manuel : à la main ou avec des outils
  • le décapage chimique : avec des produits chimiques
  • le décapage thermique : avec un décapeur thermique

 

L'emploi de ponceuses électriques fait gagner du temps mais reste très délicat. Si on ne veut pas y passer des semaines, on peut les utiliser. Si on veut assurer un bois sans accroc, il ne faut pas : l'erreur est fatale et impossible à rattraper. Mais il faudra y consacrer beaucoup de temps, de force physique et mentale.

 

 

Le décapage chimique

 

L'avantage du chimique est qu'on ne risque pas d'abîmer le bois n'est pas entamé par l'outil. Ex : par un coup de racloir qui dérape ou un ponçage abusif.

Il est aussi plus simple dans un intérieur de canoë avec nombreuses membrures demi-rondes où le décapage manuel est fastidieux.

 

Son inconvénient est d'abord écologique : le produit doit être nocif (port d'un bon masque obligatoire) et ça produit des déchets importants et malodorant.

Mais c'est aussi très collant et il n'est pas facile de se débarrasser de la mélasse incrustée dans les fentes étroites.

 

 

Le décapage manuel

 

L'avantage du décapage manuel est qu'on reste propre et que les veines du bateau restent elles aussi propres (alors que le décapant chimique dissout le vernis et le fait donc pénétrer dans les veines du bois).

Mais aussi qu'il est rapide à réaliser sur surface lisse (comme une périssoire).

 

Son inconvénient est qu'on a souvent le malheur "d'attaquer le bois" avec l'outil et les têtes de clous (qui finissent par être totalement poncées, au fil des restaurations).

C'est aussi très compliqué dans un intérieur de canoë avec plus d'une centaine de membrures.

 

Nous pensons donc qu'il est préférable de débuter par un décapage manuel au racloir ou à la brosse métallique ou chiendent, pour enlever le gros du vernis très écaillé. Et surtout, à cette étape, éviter les zones à clous.

Par la suite, si l'on veut prendre soin du bois et des têtes de clous, il vaut probablement mieux poursuivre avec un décapant chimique.

 

Gaubert (1946 p. 54) témoigne d'une époque où on décapait les bateaux avec des débris de verre. Seuls les "expéditifs" utilisaient du papier de verre.

 

 Boutin (1961 p. 184) propose de ne décaper que les couches superficielles du vernis, non pas au grattoir seul mais en plus avec une solution de lessive Saint Marc tiède plus grattoir aux bouts arrondis (pour ne pas abîmer le bois).

 

 

Le décapage thermique

 

Pour l'avoir déjà pratiqué sur nos poutres, nous n'avons pas tenté de l'appliquer aux bois délicats de nos bateaux. La brûlure est si vite arrivée et trop difficile à rattraper.

Boutin (1961, p. 201) déconseille l'emploi de lampe à souder, le noircissement étant inévitable.

 

Pourtant, des vidéos internet semblent prouver qu'avec précaution, un résultat rapide et très propre est possible.

 

 

Les ponceuses

 

Certes, elles font gagner beaucoup de temps. En tous cas, on l'espère... Mais elles risquent de laisser des traces dans le bois qui nous feront perdre le temps gagné !

 

La ponceuse vibrante

 

C'est probablement celle qui marque le moins, bien que nous n'ayons pas essayé. Mais elle ne doit pas décaper bien fort. Elle est peut-être intéressante pour une fin de décapage. Attention tout de même au choix du grain du papier de verre : trop gros, il marquera.

 

La ponceuse excentrique

 

Pour l'avoir utilisée, elle marque peu mais quand-même ! Il faut passer des grains plus fins qui ont bien du mal à éliminer totalement les milliers de petits cercles que les grains plus gros ont dessinés. On y passe des heures et ça coute cher en papier de verre et électricité. Au final, je me demande si on gagne du temps !

 

La ponceuse à bande

 

C'est celle qui sera la plus radicale si on veut gagner beaucoup de temps. A la rigueur sur les planches plates des périssoires. Nulle part ailleurs ; elle fait trop de dégâts.

 

La ponceuse rotative (sur perceuse)

 

Nous n'avons pas essayé avec disques plats estimant que ce serait trop risqué.

 

Nous avons utilisé des "tampons" en mousse abrasive. Le rendu est très satisfaisant. Mais ils coutent cher et s'usent vite. Ils servent plutôt à finir le ponçage ; ont un effet lustrant.

 

Nous n'avons pas encore essayé les "rouleaux de languettes".

 

 

Conclusion sur les ponceuses

 

Nous doutons que l'emploi de ponceuses fasse gagner de temps, car on doit repasser pour effacer les marques. On se fatigue moins ; et encore... ! Les bras fatiguent aussi à tenir l'engin. Elles reviennent cher et les disques ou bandes s'encrassent vite sur vernis épais.

Une chose est sûre, le travail sera plus propre sans ponceuse, sauf à gratter au racloir sans délicatesse.

 



Décapage chimique

 

De nos jours, il y a deux formes de décapants chimiques tout faits : les gels et les liquides. Le gel est moins pratique car il fait une grosse mélasse et plus de déchets. Mais il a le gros avantage de ne pas couler.

 

Brève présentation de ce qu'est un décapage chimique au gel : 

 

On étale copieusement le produit décapant sur une petite surface (50*50 cm, Boutin 1961, p. 186). On attend le temps indiqué par le fabricant avant de racler le vernis dissout en prenant garde de ne pas abîmer le bois avec le grattoir. Astuce : au besoin, en arrondir les angles.

 

Après plusieurs passages, le bois devient très propre.

 

Bien retirer toute trace de décapant qui nuirait à l'accroche du vernis, au moyen d'un chiffon imbibé d'essence de térébenthine ou du diluant du vernis.

 

Avantage : ça n'abîme pas le bois ; ça se racle bien sur les surfaces lisses.

Inconvénient : c'est pénible à racler sur une surface non lisse comme l'intérieur d'un canoë avec membrures.

 

Dans les années 40, certains décapaient avec de la potasse (Gaubert 1946, p. 54).

Un mélange actuel fait ses preuves : un paquet de lessive Saint Marc et un paquet de colle à papier peint mélangés dans 5 litres d'eau. Étaler sur le bois et laisser toute la nuit. Au matin, un coup de karcher léger plus brosse à chiendent. (P. Bigand).

 

Un autre tuto, sur le Forum Canoë Bois.